Lucilia sericata
L’idée est de guérir une blessure à l’aide de gentils petits asticots ! Si, si… Il n’y a pas plus précis et méticuleux. Et en plus ils stimulent les tissus sains !
Vous avez dit moderne ?
Et bien il ne s’agit en aucun cas d’une recette de sorcière tirée d’un grimoire poussièreux tout récemment exhumé. Car si la médecine dîte moderne (re)découvre les vertus de cette approche, elle est connue par de nombreux peuples, depuis l’antiquité.
Comme relaté dans «Annapurna, premier 8000 m», Lachenal et Herzog, dont les mains et les pieds, très gravement gelés, durent être amputés par le médecin de l’éxpé, vécurent cette « expérience » :
« À Delhi, lorsqu’Oudot défera mes pansements, il s’apercevra que mon pied sert de domicile à de petits vers qui se trémoussent dans tous les sens… Dès que la pince du chirurgien s’approchera pour les saisir, ils rentreront dans leurs trous. (…) Oudot me dira que les vers nettoient les plaies mieux que ne saurait le faire aucun produit moderne. Il arrive, parait-il, qu’on en mette intentionnellement sur certaines plaies.»
Ah, Lucilia, lucilia…
Mais tous les asticots n’ont pas des compétences médicales ! Les médecins ont leur champion, les larves de la mouche verte Lucilia sericata. Elles sont stérilisées puis déposées sur les plaies que l’on recouvre de pansements.
Les larves nettoient alors consciencieusement les chairs nécrosées et stimulent la production de tissus sains. Un chirurgien des armées napoléoniennes, Larrey, est le premier à décrire en détail leurs usage. Ambroise Paré, au XVI ème siècle, considéré comme le père de la chirurgie moderne, en élabore un onguent associé à de l’huile de Lys.
Puis l’arrivée de la pénicilline boute les asticots hors de la pratique médicale. Mais face aux phénomènes de résistances aux antibiotiques de plus en plus fréquents, les gentils petits vers reviennent en force.
Asticothérapie !
En 2005, plusieurs milliers de personnes dans le monde ont été soignées par « asticothérapie ». Plaies infectieuses, escarres, ulcères, autant de « théâtres d’opérations » pour les larves de Lucilia sericata. Et même pas de dégâts collatéraux…
Un gel conçu à partir des sécrétions de ses larves devrait bientôt voir le jour, pour une approche médicalement plus correcte…
Source : National Geographic/Février 2007 – Annapurna, premier 8000/M. Herzog.