Le bouquetin
Figures emblématiques de la montagne, la rencontre avec des bouquetins est majestueuse. Et pourtant, il a failli disparaitre des Alpes !
Les bouquetins sont présents en Europe depuis au moins 200.000 ans. Ils ont côtoyés les rennes, les mammouths, les rhinocéros laineux, les bœufs musqués mais aussi l’homme, qui les représenta abondamment dans ses peintures. Mais, peu farouche, ils furent l’objet d’un véritable massacre de la part des chasseurs. Il ne restait plus qu’environ 45 bouquetins au début des années 1900… Car s’ils fascinent tous les amoureux de la montagne, les chasseurs, eux, ne se sont pas gênés pour tirer ce trophée ! Jusqu’à quasiment exterminer l’espèce…
Joseph Delapierre
Réfugiés dans le massif italien du Grand Paradis, ce fut un inspecteur forestier du Duché d’Aoste, Joseph Delapierre, qui sauva l’espèce de l’extinction totale en obtenant en 1821 un décret royal d’interdiction de la chasse au bouquetin. Victor-Emmanuel II, premier roi d’Italie et lui-même chasseur, émut par ce massacre, fit du Grand Paradis une réserve royale.
Grand paradis
C’est grâce à ce sanctuaire du Grand Paradis que l’on peut observer aujourd’hui, un peu partout dans l’arc alpin, des bouquetins dont la presque totalité en est originaire. Ainsi, après sa quasi disparition, le bouquetin fût réintroduit en Suisse, en Autriche, en ex-Yougoslavie. En France, le première réintrodcution eut lieu en 1959 dans le massif des Cerces. Les animaux provenaient de la réserve fédérale suisse du Mont-Pleureur qui a fournit près de la moitié des 414 bouquetins relâchés dans les alpes françaises en 1959 et 2005. À cette date, la population française de bouquetin atteignait 8700 individus en 2005 contre 3770 en 1994. Par rapport à la situation de 1950, c’est un grand succès qui a permis de sauver l’espèce. Cependant, son aire de répartition est encore bien loin de celle qu’il occupait il y a deux siècles…
Belledonne
Savoie et Haute-Savoie accueillent les populations les plus importantes en France. Mais c’est dans le massif de Belldedonne que la réintroduction a été particulièrement réussie avec des taux de reproduction élevé malgré le pouvoir colonisateur faible de l’espèce. S’il est peu farouche, le bouquetin n’en est pas moins exigeant. Alimentation de qualité et abondante, zones d’hivernage peu enneigées, raides et ensoleillée, tranquillité…
Chartreuse
Dans le massif de la Chartreuse, dans le cadre du parc naturel, tous les acteurs locaux ont réussi à s’écouter et s’entendre. Pour réintroduire le bouquetin. Début mai 2010, une dizaine de bouquetins capturés dans le massif de Belledonne ont été relâchés en Chartreuse. À eux désormais de recoloniser ce magnifique massif… sous l’œil de nombreux observateurs ! La concertation a du bon : bravo !
Bauges
Voilà un massif voisin de la Chartreuse dans lequel le bouquetin a aussi disparu sous les balles des chasseurs. Mais là, bien que toutes les études préalables soient réalisées, point de réintroduction… En tête de file des opposants, nos amis les chasseurs, bien entendu !
Nous pouvions espérer que l’exemple de la Chartreuse donnerait le coup de pouce nécessaire pour que le parc naturel des Bauges, officiellement favorable à une réintroduction, suive cet exemple ?
Malheureusement, en janvier 2013, le PNRB a décidé en raison du coût de l’opération mais aussi de l’opposition locale de l’ONCFS, de laisser ce beau projet de côté… Jusqu’à quand ?
Bienveillance
Ainsi, réintroduit officiellement ou clandestinement grâce à la pépinière italienne, le bouquetin peut aujourd’hui s’observer un peu partout dans l’arc alpin. Le respect de l’espèce et l’intégrité des réserves et parcs qui l’hébergent sont cependant les conditions nécessaires à sa survie.