Comment s’orienter en montagne ?
Comment s’orienter en montagne, voilà une question lancinante, surtout lorsque l’on a expérimenté les changement des météo parfois rapides et violents qui peuvent vous faire passer du paradis à l’enfer… des randonneurs ! Entre sixième sens et technologies de pointe, savoir bien s’orienter en montagne recouvre des pratiques et des nécessités très différentes.
Randonnée, course d’orientation, raquettes à neige, haute montagne, ski de rando…, autant d’approches sportives de la montagne nécessitant une orientation adaptée. Mais les grands principes restent les mêmes !
Voici huit “balises” à ne pas manquer pour débuter sur de bonnes bases.
Apprendre à lire une carte de randonnée.
Balise 1 : Élément indispensable, le seul que vous ne devez jamais oublier : la carte. Son échelle devra être adaptée à l’activité envisagée.
Du 50/000 au 5/000, les informations qu’on y trouve sont plus ou moins abondantes et fiables et le code des légendes et couleurs ne sera pas le même. Connaître et comprendre ces derniers constitue un préalable indispensable. Pour savoir comment s’orienter en montagne un peu de théorie est nécessaire.
Pour la randonnée, les cartes au 1/25000 ème sont les plus classiques. À la maison, inventez-vous des itinéraires à travers champs et forêts sur votre carte, optimisez les dénivelés, chercher à visualiser les reliefs représentés, imaginez-vous dans le brouillard.
Voilà autant d’exercices qui vous amènerons à lire, comprendre, sentir, une carte.
Reste à vous confronter ensuite à la réalité du terrain montagnard !
Balise 2 : La troisième dimension.
Partez randonnée en montagne et fois en route, confrontez votre lecture de la carte à la réalité du terrain qui s’étale sous vos yeux.
Etablir de ce lien, de deux à trois dimensions, est essentiel pour une bonne orientation.
Pratiquez sans compter cette confrontation qui s’avérera souvent surprenante et parfois… magique ! En s’affinant, votre lecture de la carte et votre regard sur la nature vont vous dévoiler une grange devenue ruine, un alpage transformé en forêt, un nouveau chemin, une erreur de tracé, etc.
Ainsi, vous apprendrez à distinguer ce qui est pertinent pour votre activité sportive, à rechercher l’élément caractéristique qui vous confirmera votre position sur la carte et votre direction. Car pour savoir comment s’orienter en montagne il suffit souvent d’ouvrir les yeux !
À quoi sert une boussole en randonnée ?
Balise 3 : Deuxième outil incontournable : la boussole. Certes, dans certain cas on peut s’en passer, mais pas toujours. Elle vous aidera à placer précisément le nord de votre carte en phase avec celui du terrain : c’est souvent suffisant pour lever l’incertitude entre deux chemins. Car une boussole ne fait qu’une seule chose : vous donner la direction du nord magnétique.
Utilisez-la ensuite pour déterminer un angle, ou azimut, entre le nord magnétique et la direction d’un élément remarquable sur le terrain ou sur la carte : une opération fondamentale en terme d’orientation.
Comment utiliser une boussole ?
Voilà comment utiliser en pratique une boussole sur le terrain.
De la carte vers le terrain :
1/ Sur la carte, alignez l’axe de la plaquette de la boussole avec votre position et l’élément repéré. 2/ Tourner la capsule, sans bouger la boussole, afin de positionner sa marque nord alignée avec celui de la carte. Les lignes de fond de la capsule doivent être parallèles avec le bord de la carte. 3/ Pivotez sur place, sans déplacer la boussole de la carte, pour aligner le nord de l’aiguille avec le nord de la capsule. 4/ Sur le terrain, l’élément recherché se trouve dans la direction de la ligne de visée de la boussole.
Du terrain vers la carte :
1/ Sur le terrain, viser un élément avec l’axe de visée de la boussole. 2/ Tourner la capsule de façon à aligner sa marque nord avec le nord de l’aiguille aimantée. 3/ Placer la boussole sur la carte et pivotez-la de façon à aligner le nord de la carte avec celui de l’aiguille. L’élément cherché se trouve dans la direction de l’axe de visée de la boussole.
Pour vous entrainer, randonnez jusqu’à un beau point de vue et réalisez des “tours d’horizons” : cela consiste à faire correspondre les éléments du terrain et leur représentation sur la carte et à déterminez leurs azimuts. Veillez à toujours tenir l’ensemble carte-boussole bien horizontale.
Associer carte et boussole en randonnée.
Balise 4 : Un couple d’enfer. Une fois carte et boussole bien en main, entraînez-vous à définir un itinéraire en déterminant tout ce qui, sur la carte, vous permettra de progresser sur le terrain : végétation, bâtiments, dénivelés, croisements, azimut d’un sentier, etc. Et n’oubliez pas que sur le terrain, il est difficile de positionner sa carte et de lire un azimut sans quelques imprécisions. S’il pleut et que la fatigue est là, ce ne sera que pire… Mais la lecture au degré près est rarement nécessaire.
Une fois en route, anticipez en permanence sur la recherche des points de repère sélectionnés. Lorsque leur cohérence avec la carte et le terrain ne vous semble plus évidente, que le flou s’installe dans votre esprit, replacez vous avec certitude sur la carte quitte à faire marche arrière… Car prendre conscience au plus vite de ce flou qui s’installe est des plus salutaire. Par contre, l’obstination à vouloir faire coïncider la carte et le terrain en dépit des évidences mène droit… aux problèmes !
Enfin, ne changez pas d’itinéraire de façon impromptu. Confrontez à nouveau la carte et le terrain à la recherche de l’élément cent fois vu et… cent fois ignoré qui vous replacera sans ambiguïté ! Savoir comment s’orienter en montagne est un apprentissage de terrain !
Utiliser l’altimètre en randonnée.
Balise 5 : Montagnes russes. Le troisième outil de l’orientation, l’altimètre, est probablement plus utile pour la randonnée et la haute montagne que pour la course d’orientation. Mais il apporte un élément de plus dans la confrontation entre la carte et le terrain. Suivre une courbe de niveau, c.a.d. une altitude donnée, peut, en soi, suffire à retrouver le refuge dans le brouillard. Ainsi, entraînez-vous à suivre ces courbes, à comparer le relief qu’elles dessinent sur la carte avec l’aspect réel du terrain. Puis évaluez les dénivelés en fonction des distances parcourues. Sur le terrain, votre altitude correspond-elle à celle de votre position sur la carte, devez-vous descendre ou monter, vous reste-t-il 200 m ou 1000 m à parcourir… ?
Enfin, cerise sur le gâteau, si une dépression arrive, votre altimètre qui est en fait un baromètre étalonné en mètres, pourra vous prévenir ! Savoir comment s’orienter en montagne va de paire avec comment trouver le meilleur itinéraire quand la météo change, par exemple…
Utiliser un gps en randonnée.
Balise 6 : La tête dans les étoiles.
Moyennant une applie, souvent gratuite, pour smartphone vous pourrez visualiser votre position sur une carte. Et plein d’autres possibilités de navigation vous seront ainsi offertes ! C’est à l’évidence très confortable mais cela ne doit pas vous exonérer de confronter la réalité du terrain, qui se trouve sous vos yeux, avec ce qui est affiché sur votre smartphone…Vous avez peut être fait une mauvaise manipulation, le terrain a changé et les données de l’applie n’ont pas été mises à jour… Et si votre batterie vous lâche à cause du froid par exemple, vous allez vous retrouver un peu perdu… Cet outil est très utile, mais attention à ce qu’il ne vous rendent pas totalement dépendant.
Randonner avec les yeux rivés sur une écran de téléphone, cela ressemble furieusement à un contre-sens ! Et peut vous amener à oublier de regarder le terrain tout en filant droit sur une barre rocheuses… Méfiance. Le gps est un outil formidable mais devrait rester un recours en cas de problème sérieux.
Voici un exercice amusant. Chez vous, déterminez sur la carte un point remarquable dans votre forêt favorite. Mémorisez ce point dans votre appareil puis, sur le terrain, aller randonner pour rallier ce point, uniquement à l’aide d’une carte et d’une boussole. Puis, une fois que vous pensez l’avoir atteint, vérifiez que cela est bien le cas à l’aide de votre GPS. Effet de surprise garantie !
Sens de l’orientation et randonnée.
Balise 7 : Un sixième sens ? Par quels mécanismes les oiseaux migrateurs retrouvent-ils leur chemin ou pourquoi certaines personnes semblent avoir plus de facilités que d’autres pour trouver le leur ? Voilà des questions auxquelles les réponses apportées par les scientifiques sont encore incomplètes.
Sans doute faudrait-il déjà distinguer les pratiques de l’orientation en fonction des outils disponibles. Une carte de course d’orientation récente au 1/10 000 est d’une incroyable précision comparée à une carte au 1/25 000 datant de quelques années ! Car établir une carte reste en effet, malgré les satellites et autres joujoux modernes, un travail difficile et minutieux.
D’ailleurs, gardez toujours à l’esprit qu’aucune carte n’est « juste ». Au mieux, elle représente avec fidélité la réalité du terrain à une date donnée. Mais un arbre qui tombe, un glissement de terrain, un nouveau chemin ou de nouvelles constructions peuvent bouleverser la véracité de votre carte en un rien de temps.
Faut-il alors parler de sens de l’itinéraire ? C’est à dire la faculté de sentir le terrain, de savoir intimement si la direction est la bonne même si le brouillard empêche toutes confirmation directe, de flairer les pièges, barres de rochers ou crevasses, préférant ainsi un cheminement plus long mais plus sûr ?
La pratique et l’expérience sont bien les reines de l’orientation : connaissance du milieu naturel, lecture affûtée du terrain, du relief, de la carte, mémorisation des caractéristiques des endroits parcourus pour un demi-tour éventuel, etc.
Pratique, cartes et boussole voilà la trilogie reine pour savoir comment s’orienter en montagne.
Les outils plus techniques pouvant conforter si nécessaire, et souvent de façon très appréciable, vos décisions.
Randonnée accompagnée avec un accompagnateur en montagne.
Balise 8 : l’accompagnateur en montagne. La pratique et la connaissance du terrain son le lot quotidien d’un guide accompagnateur. Comment s’orienter en montagne est inscrit dans ses gènes !
Alors si la technologie vous effraie et que vous vous sentez définitivement réfractaire à l’orientation, jouez la carte de la randonnée accompagnée, dans les Alpes ou ailleurs.
Car non seulement l’accompagnateur en montagne ne vous perdra pas, mais il pourra vous faire profiter à plein de votre randonnée : n’hésitez pas !