La migration des oiseaux
De par sa situation géographique stratégique en termes de migrations, grâce à la diversité de ses milieux naturels et aux conditions météorologiques variées de sont territoire, la France est une étape incontournable pour des dizaines de millions d’oiseaux migrateurs.
La migration, c’est quoi ?
Des dizaines de millions d’oiseaux parcourent chaque année des milliers de kilomètres pour fuir des contrées devenues inhospitalières et trouver des terres d’accueil pendant l’hiver boréal.
Pourtant la migration est un périple semé de terribles embuches pour tous les migrateurs :
prédations, tempêtes, reliefs, chasse, braconnage, vents contraires… auxquels s’ajoutent toutes les difficulté dues aux activités humaines : destruction des habitats, infrastructures aériennes, pollutions chimiques et lumineuse…
Et enfin, comment ne pas rêtre étonné par ces records de distances, de vitesses, d’altitudes ?
Mais la migration est tout d’abord un phénomène qui fascine : comment donc les oiseaux s’y prennent-ils ?
Il y a 2000 ans, Aristote croyait que les oiseaux hibernaient dans la boue ! Il y a 100 ans le savoir commun indiquait que les oiseaux s’envolaient jusque dans la lune à la fin de l’été…
Un académicien a d’ailleurs affirmé il n’y a pas si longtemps que jamais un « plus lourd que l’air » ne volerait…
Bien qu’il y ai encore bien des zones d’ombres, les savoirs et les connaissances ont progressés, alors aujourd’hui, qu’en est-il ?
Pourquoi donc migrer ?
Migrer dérive du latin migrare qui signifie se déplacer d’un endroit à un autre. Eh oui, ce matin en allant au boulot vous avec migré !
En ce qui concerne les oiseaux, il s’agit surtout de se déplacer d’une zone où prend place la reproduction à une autre, une fois que les jeunes de l’année se sont envolés.
Mais pourquoi donc migrer d’une hémisphère à l’autre ? D’un pôle à l’autre ! Deux fois par an ! En prenant des risques tout sauf insignifiants…
Question de nourriture tout d’abord. Après l’abondance qui permet d’élever la nichée, les oiseaux fuient sa raréfaction et les rigueurs de l’hiver pour retrouver des contrées plus clémentes.
Pour certaines espèces, le choix ne se pose pas. Les avantages d’une migration sont moindres que les bénéfices. Ils restent sur place ou ne migrent que très localement.
Pour d’autre, il s’agit d’augmenter globalement leurs chances de survie et de pouvoir élever une nichée plus importante et vigoureuse. Et malgré les risques encourus, ces considérations l’emportent haut la plume.
Alors partir ou rester ? Cela dépend beaucoup du régime alimentaire de l’espèce. En particulier les insectivores, car les insectes dont ils sont friands sont bien plus actifs et nombreux pendant les périodes chaudes. À commencer par ceux qui chassent en plein ciel : hirondelles, martinets, engoulevents, échassiers, etc.
Mais d’autres insectivores vont préférer rester sur place. L’influence de leur environnement habituel est alors prédominante : inutile de migrer si la nourriture reste présente toute l’année. C’est le cas par exemple pour de nombreuses espèces africaines.
Si l’option de la migration est choisie, ce n’est pas forcément pour l’autre bout du monde. Certes les oiseaux migrateurs qui évoluent d’un pôle à l’autre sont fascinants. Mais de nombreuses espèces optent pour des parcours de moindre envergure. Car ces voyages au long cours se doivent d’être minutieusement planifiés.
Meilleures destinations d’arrivée, meilleur parcours possible, points de ravitaillement, vents porteurs, thermiques, franchissement des mers…
Sans compte les capacités propres de chaque espèces : musculature, vol battu, plané, pompé, de nuit ou de jour, en groupe, etc.
Comment les oiseaux se dirigent-ils ?
Voilà un des aspects les plus intriguant de la migration. Cela a pris des siècles a l’espèce humaine pour en arriver aux cartes, boussoles et gps. De la même façon, les oiseaux ont évolué et élaboré leurs propres outils.
Les nombreuses études mettent en évidence plusieurs facteurs. Mémorisation de repères matériels au sol, position du soleil et des étoiles, mise au point d’une « boussole biologique », et détections des différents champs magnétiques terrestres. Mais il reste beaucoup à apprendre sur la façon dont les oiseaux s’y prennent…
Reste la question de savoir si ces capacités sont hérités ou apprises ? La volonté de migrer et les parcours migratoires semblent hérités. Par exemple chez le Coucou qui ne voient pas la moindre plumes de ses parents biologiques. Et ses parents adoptifs forcés ne sont pas forcément des migrateurs !
Mais l’expérience compte aussi comme le montre de jeunes oiseaux qui s’égarent lors de leur première migration.
L’hypothèses de leur capacité à détecter de manières très fine les nombreuses variations des champs magnétiques terrestres vient d’être renforcée par la découverte de traces d’éléments métalliques dans leurs cerveaux. Savoir s’ils volent vers le nord ou le sud est une chose. Naviguer précisément tout au long d’un parcours migratoire en est une autre.
D’autant plus si ce trajet nécessite des adaptations en cours de route.
Après ce rapide survol de la question des migrations des oiseaux, voici quelques records qui laissent songeur…
Records de distance :
La sterne arctique parcourt à chaque migration en moyenne 70 000 km par an entre l’Arctique et l’Antarctique pour un taux de survie annuelle chez les adultes de presque 90 %. Certains individus, munis de géolocateurs, ont même parcouru plus de 80 000 km dans l’année.
Dans le Pacifique, les puffins fuligineux effectuent une boucle de 64 000 km en 262 jours en moyenne.
Le traquet motteux ou le pouillot verdâtre peuvent parcourir jusqu’à 10 000 km lors d’un trajet migratoire.
Une barge rousse a effectué un vol ininterrompu de 11 680 km en 9 jours à travers l’océan Pacifique…
Records d’altitude :
Le record d’altitude en vol est actuellement détenu par un vautour de Rüppell qui a percuté un avion à 11 300 m en Côte d’Ivoire. Le Kilimanjaro culmine à 5 895 m…
L’oie à tête barrée traverse l’Himalaya à plus de 10 000 m d’altitude.
En Europe, des cygnes ont été signalés à 8 000-8 500 m.
L’altitude moyenne en vol se situe entre 1 000 et 1 500 mètres. 90 et 95 % des passereaux et des limicoles migrent à moins de 2 000 m.
Beaucoup d’espèces se déplacent entre 100 et 300 mètres.
Records de vitesse :
Les oiseaux en migration sont capables de voler très vite : jusqu’à 389,5 km/h en piqué pour le faucon pèlerin, 100 km/h pour la grue cendrée, 75 km/h pour l’étourneau sansonnet, 71 km/h pour la tourterelle des bois, 69km/h pour les oies, 58 km/h pour l’hirondelle rustique et 52 km/h pour le pinson des arbres.
Des scientifiques ont découvert que la bécassine double peut effectuer un vol transcontinental à travers l’Europe, de la Suède à l’Afrique subsaharienne, en deux jours sans se reposer
Les oiseaux parcourent jusqu’à 6 760 km à une vitesse moyenne record de 97 kilomètres/heure (4300–6800 km en 48–96 h).
Records de poids :
Les passages difficiles nécessitent de faire des réserves de graisse. Les fauvettes des jardins, pesées avant leur traversée du Sahara, peuvent ainsi atteindre 37 g, alors qu’elles ne pèsent habituellement que 18 g.
Différents migrateurs :
Certaines espèces ne parcourent que quelques centaines de kilomètres, d’autres effectuent presque un tour du monde chaque année, tandis qu’au sein d’une même espèce, d’autres encore ne migrent pas de la même façon.
Les longs courriers :
Les plus connus en France sont les migrateurs transsahariens, pour la plupart insectivores, prédateurs de poissons ou de reptiles qui hivernent au sud du Sahara (bondrée apivore, sarcelle d’été, hirondelles, rousserolles, hypolaïs…).
Les petits et moyens courriers :
Leurs déplacements migratoires sont de l’ordre de quelques dizaines à quelques milliers de kilomètres. Ces espèces, généralement à régime granivore, mixte ou se nourrissant de proies à sang chaud, hivernent dans le sud de l’Europe ou le nord de l’Afrique (chardonneret élégant, rouge-gorge familier, fauvette à tête noire, rougequeue noir…).
Les migrateurs partiels :
Au sein d’une même espèce, seule une partie des oiseaux migre, généralement jusqu’au bassin méditerranéen. Ainsi, les populations scandinaves de gorgebleue à miroir effectuent de très grandes migrations (5 000 km), alors que celles de l’ouest de la France hivernent en général à moins de 1 000 km de leur lieu de nidification, et qu’une partie des oiseaux espagnols est même sédentaire.
Pour plus d’informations sur la migration vous pouvez consultez :
Le site d’Eurobirdwatch ou le site sur les migrations et bien sûr celui de la lpo.
Ainsi qu’une bibliographie bien fournie…